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Évolution du Portugal depuis les années 60 à aujourd’hui (vous allez être choqués !)

Visiter le Portugal c’est découvrir un pays aux paysages somptueux, des montagnes aux plages élues parmi les plus belles d’Europe et même du monde, de magnifiques monuments qui datent pour certains de la période des Grandes Découvertes, période où le Portugal était un empire, ainsi qu’une culture et des traditions que le peuple portugais sera fier de vous montrer !

Le Portugal, au fil de son histoire (c’est le pays le plus vieux d’Europe) a connu des périodes très difficiles comme le tremblement de terre de Lisbonne en 1755 et plus récemment la dictature qui a durée 48 ans (de 1926 à 1974).

La dictature a bloqué le Portugal dans le temps et beaucoup de Portugais vivaient dans l’extrême pauvreté. Ce n’est qu’à partir de 1986 avec l’entrée dans l’Union européenne que le pays a commencé à nouveau à se développer.

Dans cet article, je souhaite vous montrer le Portugal depuis les années 60 jusqu’au début des années 2010 pour que vous puissiez approfondir votre découverte de ce beau pays et surtout découvrir comment le peuple portugais vivait, ce qui va vous permettre de comprendre en partie notre culture et nos traditions.

Évolution du Portugal depuis les années 60 aux années 2010

J’ai le privilège d’écrire cet article en collaboration avec Jacques Zeimert, un lecteur de plus de 90 ans qui a visité le Portugal en long et en large depuis les années 60. Toutes les photos que je vais vous montrer ont été prises par Jacques lors de ses nombreux voyages. Je vais aussi ajouter quelques photos à moi pour illustrer certains passages (elles ont le logo du blog).

Le texte ci-dessous, avec la description de chaque photo, est écrit par Jacques. Quand j’apporterai ma contribution, j’ajouterai mon prénom. Bonne lecture !

Dans les années 1960, il faisait très souvent mauvais temps durant l’été et beaucoup de Français partaient en vacances en Espagne pour des séjours plus ensoleillés et moins onéreux. Pour des raisons identiques, mais avec anticonformisme, nous avons choisi le Portugal. Équipés du petit guide vert et d’une carte du même nom, nous sommes partis à la découverte de ce pays avec notre petite Citroën 2 CV – 375 cm³.

Notre premier contact fut le poste de douane de Miranda do Douro où nous vîmes se diriger vers nous un douanier, s’exprimant en français, pour nous souhaiter la bienvenue au Portugal. Cela nous changeait de la douane espagnole que nous avions quittée à quelque douze kilomètres de là. Nous étions déjà presque convaincus du bon choix.

Peso da Régua

Les lavandières à Peso da Régua illustraient une chanson très à la mode en France, à cette époque : « Les lavandières du Portugal ». Chacune battait le linge sur une large pierre, agenouillée dans un petit bac en bois. Le linge était à sécher sur les galets de la rivière. À noter qu’il s’agit d’un petit affluent « Varosa » du Douro dont l’eau est particulièrement claire alors que le Douro est limoneux.

Tâche accomplie, une lavandière s’en va avec tout son équipement sur la tête et pieds nus. Deux caractéristiques qui nous ont surpris, mais que nous reverrons souvent au cours de notre voyage.

Tiago : encore aujourd’hui, on peut voir des femmes porter leurs courses sur la tête lors des marchés municipaux hebdomadaires. Ce sont surtout des femmes qui viennent des villages alentour et qui ont plus de soixante ans.

Le « train » de plusieurs barcos est grandiose, à pleines voiles bien rapiécées, ils remontent le fleuve. Manifestement, ces barques ne sont pas équipées pour transporter des barriques de vin, mais sans doute des matériaux. Outre la longue perche de gouvernail, les mariniers utilisent aussi des perches pour guider l’embarcation et l’éloigner de la rive. À cette époque, il n’y avait pas de barrages sur le Douro, ce qui permettait cette navigation à la voile.

Tiago : le premier barrage dans le Douro a vu le jour en 1972, soit 11 ans après ces photos.

Tiago : ces bateaux sont aujourd’hui utilisés pour le tourisme à Porto et dans la vallée du Douro (ex : Pinhão)

Aveiro

Les moliceiros à Aveiro, sont des embarcations très typiques de cette région et sont particulièrement adaptées à la navigation dans les canaux et la lagune d’Aveiro. Il y en a encore de nombreux, en particulier à Torreira, qui se caractérisent par les dessins colorés qui ornent la proue et la poupe de ceux-ci. Même de construction récente, ils restent identiques à leurs ancêtres.

Tiago : comme les bateaux Rabelo dans le Douro, les Moliceiros à Aveiro sont aujourd’hui utilisés pour le tourisme dans le centre-ville de la Venise portugaise.

Torreira – Arte Xávega

À Torreira, côté océan, c’est une des dernières années où la pêche est pratiquée d’une manière traditionnelle. Le filet est tiré par des couples de bœufs équipés de jougs artistiquement décorés, ce sont eux qui tirent aussi les bateaux sur la plage. Hélas, mais c’est dans l’ordre des choses, c’est maintenant un tracteur qui les remplace.

Figueira da Foz

À Figueira da Foz, les pêcheurs sont de retour et les femmes s’emploient à trier les poissons, à les ranger dans des caissettes en les recouvrant de sel avant de les emporter, sur la tête, aux carrioles qui attendent sur le quai pour partir faire la vente, porte-à-porte, dans les environs.

C’est un atelier de séchage de morues qui étaient étalées sur des claies en bois. Rassemblées ensuite en petits tas, elles sont chargées dans des brouettes pour être emportées ensuite. C’est le travail des femmes.

Tiago : pour information, le Portugal est le plus grand consommateur de morue par habitant au monde. Ce poisson est importé en grande majorité de la Norvège. La morue, c’est du cabillaud séché et salé.

Nazaré

Il n’y a pas de port à Nazaré et les pêcheurs doivent tirer leur bateau sur le sable, avec des bœufs, ou les pousser à la mer sur des rouleaux de bois. Tout le monde travaille, les hommes font la chaîne pour porter un très grand filet qu’ils déposent en mer en un immense cercle avant de tirer sur les deux extrémités pour ramener les poissons pris au piège.

D’autres ont préparé les hameçons où seront ensuite accrochés des appas avant d’être attachés à une ligne de fond qui sera tendue dans l’océan. Les sardines sèchent au soleil et forment de beaux tableaux. À cette époque, il n’y avait pratiquement pas de touristes (environ 5000 par an), c’était le Nazaré authentique.

Tiago : en visitant Nazaré, vous pourrez encore voir le poisson sécher sur la plage.

Coimbra

Bien que grande ville universitaire, le marché était encore traditionnel. Chaque paysan apportait et présentait les légumes qu’il avait à vendre, à même le sol.

C’est le domaine des femmes qui se protègent du soleil avec des foulards sur la tête, par contre, beaucoup sont pieds nus, reflet de leur pauvreté.

Tiago : dans les villages ou les petites villes, il est encore possible de voir les personnes âgées habillées comme en 1960 et les paysans viennent encore vendre leurs produits comme sur la photo 2 de Coimbra sur les marchés municipaux (c’est le cas, par exemple, dans ma région).

Dans la région de Coimbra, un rassemblement agricole avec une charrette aux roues typiques que l’on retrouve, à cette époque, dans tout le Portugal.

Tiago : je me souviens très bien de ces « charrettes » utilisées dans l’agriculture autrefois. Jusqu’à la fin des années 90, ma famille les utilisait pour ramener à la maison la récolte des champs (blé, raisins, etc.).

Serra da Estrela

Un berger et ses moutons, dans la Serra da Estrela. Cette route en construction est celle qui descend du dôme vers Manteigas. La circulation automobile était rare, mais les paysages de la serra toujours aussi magnifiques.

Tiago : Sur cette photo à Serra da Estrela, on peut voir, en plus des moutons et du berger, la famille de Jacques et une voiture Panhard, utilisé pour leur voyage en 1964.

Voici une photo de la même route (celle qui longe la vallée) prise en 2021 :

Algarve

Sur des routes en Algarve, l’âne est l’animal que l’on rencontre partout et pour tous les usages, sauf pour les gendarmes qui se déplacent à cheval.

Le long de la route de Portimão à Monchique, un homme utilisait l’argile locale pour confectionner des briques. Tout était fait à la main, aussi bien le brassage de l’argile que le moulage puis la mise à sécher sous un soleil de plomb. Des conditions de travail épouvantables qui devaient être d’un très faible rapport. Les briques devaient être transportées ailleurs dans un four pour y être cuites, car il n’y en avait pas sur place.

En arrivant à Monchique, une carrière de granit était en exploitation. Elle l’est encore, mais avec des moyens mécaniques. À l’époque, tout se faisait à la main et au marteau-piqueur pneumatique. Le plus admirable était la confection des meules coniques pour équiper les moulins à olives. À noter que la meule était directement taillée dans un bloc de granit jusqu’à sa forme définitive. Travail de forçat, mais travail d’artiste.

Dans les années 2000, il y avait encore un ancien ouvrier de la carrière qui produisait, toujours à la main, des pavés.

Portimão

Ce sont des scènes du marché de Portimão qui se tenait au centre de la ville. C’est maintenant la Place de la République. Il y régnait une ambiance extraordinaire, bruyante, car chacun vantait la qualité de ses produits. C’était un marché en plein air et tous les alentours étaient encombrés par les charrettes qui venaient des campagnes environnantes pour apporter les productions des agriculteurs.

À cette époque, la pêche de la sardine était l’activité principale. Une bonne trentaine de bateaux — peut-être plus — partaient le soir pour pêcher toute la nuit et revenir au port, au petit matin. C’était une activité intense, les acheteurs des usines de sardines, qui étaient nombreuses à Portimão, négociaient les prix. Les compagnons pêcheurs déchargeaient les sardines avec des paniers qu’ils lançaient sur le quai.

La pêche était parfois tellement abondante que la petite embarcation de secours attachée à l’arrière du bateau était remplie de sardines. Des femmes préparaient dans des caissettes des sardines avec beaucoup de sel pour être ensuite vendues dans toutes les campagnes environnantes. L’excédant de pêche était triée pour conserver les plus belles sardines, les autres étant destinées à servir d’engrais.

Il n’y a plus de pêche à la sardine à Portimão, il n’y a plus de conserveries sauf une : « La fábrica de conservas LA ROSE » qui a été adaptée pour créer, en 2008, le très intéressant Musée de Portimão.

Tiago : lors de votre visite à Portimão, je vous invite à découvrir le musée de Portimão. Jacques a donné 78 photos à ce musée et elles sont accessibles sur ce lien. Il suffit ensuite d’écrire jacques zeimert dans la fenêtre « Pesquisa livre » et de cliquer sur « Procurar ».

Musée de Portimão

Conditions de travail

Ces photos illustrent les conditions de travail incroyables qui existaient à cette époque. L’utilisation des vaches pour tirer les charrettes est classique, mais, hélas, était aussi classique le fait de marcher pieds nus sur la route pavée. L’absence de chaussures ou même de simples sabots de bois s’explique par la pauvreté de ces ouvriers agricoles. Le joug des vaches fait contraste, il est imposant par ses dimensions et c’est un véritable ouvrage d’art sculpté et peint.

Ces hommes coupent des planches, sans doute pour un proche chantier de construction de bateaux, avec une scie alternativement tirée vers le haut et vers le bas.

Sous un soleil de plomb, les conditions de travail sont physiquement pénibles aussi bien pour celui qui travaille à genoux que pour celui qui doit se relever pour tirer sur la scie. Le « mal de rein » devait être fréquent. À noter que, là aussi, les ouvriers sont pieds nus et se déplacent ainsi au milieu des copeaux de bois.

Taxis

Pour aller de Portimão à Praia da Rocha, il y avait quelques taxis automobiles, mais il y avait surtout beaucoup de petites charrettes qui étaient très utilisées. Après l’évolution du Portugal avec la révolution des œillets, ce système de transport disparu progressivement.

Tiago : j’espère que vous avez pris autant de plaisir à lire cet article que moi pendant son élaboration. Je tiens à remercier Jacques Zeimert d’avoir accepté de partager ses photos, parmi les quelque 6000 qu’il a prises, et d’avoir écrit leur description.

Vous avez maintenant une idée des us et costumes des Portugais voilà plus de soixante ans et du chemin parcouru depuis ces années.

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